mercredi 12 avril 2017

La quatrième fée - Brigitte Guilbau


  Une légende vietnamienne raconte l’histoire de trois fées. La première veille sur l’embryon, le fœtus et la mère pour leur donner force et vigueur pendant la grossesse. La deuxième fée s’occupe de la naissance pour que la mère soit libérée rapidement et que l’enfant vienne au monde en bonne santé. La troisième apparaît quand vient l’heure de mourir : elle nous aide à passer la porte vers ce monde que l’on dit meilleur, à nous donner le courage et à nous apaiser. Qu’arriverait-il si, par un rendez-vous insoupçonné, une quatrième fée venait faire trébucher cette dernière?
198 pages - Drame - 2016



Ce que j'en ai pensé :
 Partout où ce roman passe, il est clairement mentionné "ATTENTION CECI N'EST PAS DU FANTASTIQUE!!!" (oui, l'éditeur l'a écrit en majuscules comme ça). Bon, pas de surprise pour moi donc.

En vérité, La quatrième fée c'est l'histoire d'une jeune femme qui tombe dans le coma suite à un accident. Un coma dont les médecins annoncent qu'elle ne reviendra pas. On découvre alors sa mère, Natacha, à travers cette épreuve, la douleur qu'elle subit, mais aussi les choix qu'elle doit faire. Car très vite, se pose la question de savoir si Natacha accepte qu'on débranche sa fille ou non. L'auteur s'attaque à des thèmes forts, la perte d'un enfant, qu'elle décision prendre lorsqu'un proche est dans un coma irréversible, ou le don d'organe. Le tout donne une histoire dure, touchante, qui fait se demander au lecteur "Et moi, qu'est-ce que je ferais à sa place ?".

Mais voilà. La quatrième fée aurait mérité, selon moi, beaucoup plus de temps. D'une part, le scénario reste très prévisible. Les ficelles sont grosses, il y a peu de surprises, même si le thème ne s'y prête pas vraiment, il est vrai. Les ressorts scénaristiques, quant à eux, sont très clichés, voir peu crédibles. J'ai eu l'impression que l'auteur a forcé les éléments pour que tout soit beau et bien. Le père de la jeune femme dans le coma, qu'elle ne connaissait pas, qui est comme par hasard dans le même hôpital, au même moment, pour son fils qui a besoin d'organe. Ça tombe bien !
Et justement, j'ai eu l'impression que l'histoire n'était qu'un prétexte à l'auteur pour aborder ces sujets et partager ses réflexions. On dirait que ces dernières, elles aussi, sont insérées de force dans l'histoire. Elles tombent un peu comme ça, au moment où le sujet est abordé, mais elles ne m'ont pas semblé être dans la continuité du récit. De plus, elles sont trop nombreuses, et du coup, j'ai eu l'impression d'avoir beaucoup d'ébauches de réflexions qui n'ont pas eu le temps d'être approfondies. Le don d'organe par exemple, est un thème qui arrive vraiment au dernier moment et qui m'a semblé à peine effleuré tant la réflexion autour est précipité.
L'écriture, en général, est maladroite. Elle manque de fluidité, on sent, comme pour les réflexions donc, des coupures, des choses que l'auteur a voulu dire mais n'a pas réussit à insérer totalement dans l'histoire. J'ai cru que La quatrième fée était premier roman, tant j'ai eu l'impression de lire une fanfiction. Cependant, l'histoire se lit très bien, et vite.


// La quatrième fée est un roman touchant, mais qui m'aurait mieux plus avec un approfondissement de l'histoire, plus de temps pour que les événements de l'histoire s’enchaînent de manière plus fluide et naturel, et plus de temps de réflexion aux personnages.
Malgré tout, j'ai vu beaucoup d'avis très positifs. Si personnellement, l'écriture m'a bloqué, je pense que beaucoup de personnes sauront l'apprécier pour tous ses bons côtés ! //



Merci aux éditions Lilys et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir La quatrième fée !

samedi 18 février 2017

La tombe des lucioles - Akiyuki Nosaka

La tombe des lucioles
  L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des bombes et de la famine tandis que la guerre fait rage.
Les Algues d'Amérique
  Toshio se remémore ses souvenirs de la guerre, pendant laquelle il était enfant, alors que sa femme invite un couple d'amis américains à séjourner chez eux.
139 pages - Contemporain - 1967 & 1968

Ce que j'en ai pensé :
J'ai beaucoup aimé La tombe des lucioles. Court et percutant, le récit est très descriptif. On s’appuie sur les fait, plus que les sentiments, on est loin du pathos qui s'étale (ce qui m'avait déplu dans le film en passant...). On nous décrit les horreurs, et parfois un peu d'espoir, sans jugement, sans sentimentalisme exacerbé.  On sent la désillusion et l'ironie de l'auteur face à cette catastrophe et à la société japonaise, qui a fait de sa malheureuse expérience un récit touchant et percutant, qui nous fait comprendre un peu plus l'étendue de l'horreur des bombes et de la guerre.

Dans la seconde nouvelle, l'auteur s'attarde sur le sentiment des Japonais face aux Etats-Unis, sentiment du vaincu face au vainqueur. On nous décrit ce sentiment ambivalent à la fois de rejet et d'admiration pour les Etats-Unis, la servitude japonaise d'un côté et l'envie de montrer la grandeur japonaise de l'autre. Les complexes sont nombreux, la défaite, la perte de son armée, la physionomie même, et la grande modernité qu'affiche les Etats-Unis, qui attire. Mais la fierté japonaise est toujours présente, et le narrateur tente de ne pas se laisser subjuguer, de retrouver une grandeur à son pays, mais aussi pour lui-même.

// Deux nouvelles percutantes et très intéressantes pour comprendre un peu mieux le sentiment japonais pendant la guerre et d'après-guerre. //

Pauline - Alexandre Dumas

  Quel secret cache Pauline ? Pourquoi fuit-elle le regard d'autrui ? Quel drame creuse son visage et altère son teint ? "Personne n'ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé", confie Pauline. En épousant le comte Horace de Beuzeval, un homme diabolique, la jeune femme à signé son arrêt de mort : chaque jour est devenu synonyme d'angoisse et d'effroi...
256 pages - Classique - 1838

Ce que j'en ai pensé :

Dans Pauline, Alexandre Dumas se met en scène en tant que public de l'histoire que lui raconte son ami Alfred de Nerval. Accompagné de nombreuses références à son époque et à ses propres récits, cette position adoptée par l'auteur nous donne l'impression étrange que cette histoire fut bien réelle, et que l'auteur nous livre ici un témoignage de la confidence de son ami. Et la narration, de même, nous donne l'étrange impression d'être dans la confidence, qu'on nous dévoile un secret, le mystère de cette Pauline qui intrigue l'auteur et nous intrigue à notre tour.

L'histoire de Pauline est une histoire du secret, d'où le sentiment que l'on nous donne dès les premières pages. Beaucoup de mystère et d'intrigues inquiétantes, dans une ambiance plutôt sombre, qui frôle le polar, sans tomber dans le lourd et l'oppressant. On est intrigué par Pauline, par son histoire. C'est une femme qui paraît avoir été lumineuse, mais qui est maintenant effacée et secrète.


// Une histoire pas inintéressante, secrète et trouble, accompagné d'une plume toujours agréable. Attention cependant, cette édition comporte beaucoup de notes de bas de pages, intéressantes voir utiles, mais qui casse un peu le rythme du récit. //

L'Ile panorama - Edogawa Ranpo


  Hirosuke Hitomi, écrivain raté, rêve ce construire un étrange paradis terrestre. Lorsuqi'l apprend la mort de Komoda, riche homme d'affaires qui a la particularité de lui ressembler comme deux gouttes d'eau, il décide de le faire revenir à la vie en usurpant son identité. Il entreprend alors la construction de son paradis terrestre sur une île isolée. Mais le projet de Hitomi ressemble bientôt à une descente aux enfers...
157 pages - Policier - 1926


Ce que j'en ai pensé :
L'Ile Panorama s'ouvre sur un roman policier dans lequel on suit le coupable. D'un hasard, un homme qui vit une vie sans saveur va monter tout un stratagème pour changer sa vie, et réaliser un rêve.
Mais peu à peu, le lecteur va se rendre compte de l'horreur et de la folie du projet du protagoniste, qui se dévoile sous un autre jour qu'un homme ordinaire et las. Crescendo, l’ambiance devient de plus en plus lourde, horrifique, presque fantastique grâce à des descriptions grandioses,  à la fois captivantes et effrayantes. Le tout devient grandiloquent, le protagoniste nous ébloui de son art, mais on se rend compte de l'horreur qui le fait vivre. L'horreur est devenu art.
// L'Ile Panorama nous expose le grand délire démesuré d'un homme, dans une ambiance à la fois fantastique, horrifique, et ensorcelant. //

L'archipel du rêve - Christopher Priest

  Par-delà le Vortex s'étend l'Archipel du Rêve, une zone de neutralité épargnée par la guerre qui ravage les continents austral et septentrional. On rêve d'y séjourner et, une fois prisonnier de ses langueurs tropicales, on ne peut que succomber à une autre forme de guerre, celle que se livrent les êtres de désir et de pouvoir qui peuplent les différentes îles de cette géographie hors du temps, singulière en diable.
414 pages - Science-fiction / érotisme - 1999

Ce que j'en ai pensé :
En fait, L'archipel du rêve est un recueil de nouvelles qui se situent toutes dans le même monde. Et, bon, je ne suis pas friande des recueils de nouvelles à la base... 

Plusieurs nouvelles, qui ont pour thème cet archipel du rêve en marge de la guerre dans le reste du monde, qui oscille entre idéal exotique et terre inhospitalière de rêve et d'angoisse pour chacun de nos protagonistes. Un monde et un archipel intéressant, on s'y plonge avec plaisir, et j'ai bien aimé qu'on nous raconte le ressentie de chaque personnage, différent, face à l'état de ce monde que l'on découvre à travers leurs yeux et émotions. 

Malheureusement, 2 nouvelles seulement se sont distingué du lot, les autres se ressemblent beaucoup, et leur intérêt était plutôt nuancé : un personnage qui rêve de partir et qui part, des femmes aguicheuses, du sexe, et quelques brins de réflexion. J'ai été quelque peu agacée d'ailleurs de ne voir que des femmes qui ne demandent que ça, à servir d'exutoire aux tracas des protagonistes, qui peuvent enfin repartir libérés en les laissant derrière eux après une bonne nuit de sexe.

// Lecture mitigée donc, intriguée par l'univers mais déçue d'en découvrir si peu. //