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dimanche 5 novembre 2017

Un loup pour l'homme - Brigitte Giraud (#MLR17)



 Printemps 1960. Au moment même où Antoine apprend que Lila, sa toute jeune épouse, est enceinte, il est appelé pour l’Algérie. Engagé dans un conflit dont les enjeux d’emblée le dépassent, il demande à ne pas tenir une arme et se retrouve infirmier à l’hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. À l’étage, Oscar, un jeune caporal amputé d’une jambe et enfermé dans un mutisme têtu, l’aimante étrangement : avec lui, Antoine découvre la véritable raison d’être de sa présence ici. Pour Oscar, « tout est à recommencer » et, en premier lieu retrouver la parole, raconter ce qui l’a laissé mutique. Même l’arrivée de Lila, venue le rejoindre, ne saura le détourner d’Oscar, dont il faudra entendre le récit, un conte sauvage d’hommes devenus loups.

246 pages - Contemporain - 2017







Mes impressions :

Un loup pour l'homme, c'est l'histoire d'un homme qu'on arrache à sa vie pour une guerre qui n'est pas la sienne, et qui en sera assez changé pour ne jamais la retrouver.

mardi 29 août 2017

Le jeu du chat et de la souris - A Yi



« J’étais l’ange de la mort, j’avais un pouvoir illimité, je pouvais décider de la vie et de la mort de ces passants, et eux, eux qui pensaient que le monde suivait son cours, ne comprendraient pas cette chose absurde et désespérante qui leur arriverait. »


Par une journée ordinaire, dans une petite ville de la Chine provinciale, un adolescent tue de trente-sept coups de couteau sa camarade de classe. Il a méticuleusement préparé son geste, planifié sa fuite, organisé sa défense. Mais pour quelle raison ? Dans ce premier roman magistral, A Yi s’empare d’un fait divers glaçant pour révéler les fêlures d’une société chinoise en pleine mutation.


240 pages - Contemporain/Thriller - 2017





Mes impressions :

L'humain, broyé par la pression sociale. L’exigence d'une vie, de désirs normalisés. La solitude. L'ennui. Et la violence.

samedi 5 août 2017

La tresse - Laetitia Colombani


Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, sa vie bascule.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend une terrible nouvelle.

Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.


224 pages - Contemporain - 2017




Mes impressions :

Premier roman de l'auteur, La tresse est un roman vibrant sur le destin de femmes, malgré ses défauts.

lundi 24 juillet 2017

L'enfant des sortilèges - Ulrich Stalker


  L'éducation n'épargne pas les hommes de changer de trajectoire ! Quand Mathieu délaisse les livres et la musique pour se consacrer à la médecine, ne renonce-t-il pas à ses rêves ? C'est d'un sacrifice que l'homme devient homme.

Que va devenir son ami Marc-Antoine qui n'excelle pas dans la musique ? Ne risque-t-il pas de se brûler les ailes ? Pourquoi sa professeur de français Aude Clermont représente-t-elle aux yeux de Mathieu l'illumination balzacienne ?

Lors d'un dîner avec Audrey, il ignore que l'étudiante désire s'affranchir de son éducation parentale. Le soir où il fête son baccalauréat, pourquoi n'a-t-il pas séduit Cécile ? À vingt-six ans, il devient médecin généraliste...

Quand il ausculte et rédige les ordonnances, il découvre des vies. L'artiste peintre Bernard Morin va-t-il exposer dans des galeries ? Le fils d'une patiente va-t-il lire Alexandre Dumas ? Comment un communiste renie-t-il ses idéaux ?
90 pages - Contemporain/Philosophique - 2017



Mes impressions :

Que personne ne se réjouisse trop vite. Derrière un titre attirant, se cache un roman qui ne vous fera pas passer un bon moment.


Dans L'enfant des sortilèges, on suit la vie inintéressante d'un bourgeois imbue de lui-même. Chaque chapitre est l'occasion d'une critique négative d'une personne rencontrée plus ou moins furtivement, qu'il se permet de juger sur la base d'une conversation ou de son apparence.

Persuadé d'être supérieur parce qu'il adore Sénèque, Beethoven et Eugène Delacroix, des artistes "de bons goûts" ultra-connus (ce qui manifeste d'un esprit éclairé, qui réfléchit par lui-même et se fait son propre avis), le narrateur dénigre allègrement tout ceux qui n'ont pas la culture et les goûts de ceux que l'on nomme "l'élite", la bonne culture ("Les Rolling Stones ont tué Beethoven !"). Guerre futile entre ses goûts et ceux des autres, critiques et débats enflammés... entre lui et lui-même.
Je ne parle même pas des dichotomies grossières présente dans l'histoire, entre lui-même, grand lecteur, et son frère, très sportif qui trouve les livres ennuyeux, pour exemple.
J'ai voulu marquer les pages dans lesquelles les propos du narrateur m'ont parut très prétentieux ou déplacés, mais j'ai fini par marquer la moitié du livre...

Dans le même ton, le narrateur expose ses grandes idées contre l'Etat, la politique, la démocratie, tout en dénigrant ceux qui ne sont pas parfaitement intégré à la société, lisse et sans rien qui ne se démarque.

Toutes ses réflexions intérieures sont le prétexte à une exposition de pensées philosophiques. Elles sont très nombreuses, et aucune n'est approfondie. Une ou deux pages à peine pour reprendre vaguement une idée déjà vue et revue, et développées de manière plus intéressante ailleurs.

Pour finir, dans un chapitre, le narrateur assiste à une naissance, et à la vue du bébé, il déclare que c'est "l'enfant des sortilèges". Sans raison. De quoi faire un bon titre de roman aguicheur.


En bref, je n'ai pas compris la volonté de l'auteur avec ce roman qui se dit philosophique, mais qui est juste un ramassis de clichés usés, même plus d'actualité. Il a au moins le mérite d'être rapide à lire.


jeudi 20 juillet 2017

Leur séparation - Sophie Lemp

« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose.»

Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c’est avec le regard d’une petite fille devenue adulte qu’elle revit cette séparation. Pourquoi cette blessure, commune à tant d’enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?
100 pages - Autobiographie - 2017

Sortie officielle le 7 septembre 2017


Mes impressions :

L'enfance, ce moment d'innocence délicat pendant lequel on s'émerveille du monde. Mère, père, grand-parents, les personnes qui nous protègent et nous chérissent lors de nos premiers pas sont nos premiers amours, nos premières idoles, à travers lesquelles nous vivons.  Alors, quand arrive la destruction d'un couffin idyllique et protecteur, c'est la joie de l'enfance qui éclate et qui vous marque à jamais.


Sophie a 10 ans quand ses parents divorcent. Le point final d'un amour qui s'est éteint, deux personnes qui souhaitent se séparer pour démarrer une nouvelle vie, se reconstruire. Les séparations sont toujours un peu difficile, un peu douloureuse, spectre d'une relation qui n'a pas réussi à s'épanouir ou à s'entretenir. Parfois plus pour l'un que pour l'autre, parfois dans la joie et parfois dans la douleur. La séparation est le début d'un changement, qui n'est pas toujours attendue. Mais surtout, la séparation touche souvent plus que seulement les personnes qui se séparent.


Sophie voulait elle aussi écrire son histoire de séparation, mais de son point de vue d'enfant qui la subit sans avoir ni pouvoir y jouer un rôle. Si le divorce de ses parents signifie pour eux la fin d'un amour, pour Sophie, c'est la fin de son nid d'amour enfantin composé d'elle entouré de son papa et de sa maman. C'est aussi la fin de l'illusion que ses parents sont unis, sont un. Peu à peu, elle apprend et se souvient de ses petits moments où tout ne s'est pas bien passé, les signes de la déchirure irrémédiable à venir.


Sophie doit maintenant commencer elle aussi une nouvelle vie, deux nouvelles vies, une avec son père et une avec sa mère, qui s'évite le plus possible. Elle compose avec deux parents qui se révèlent différents l'un de l'autre, mais aussi animé d'émotions parfois positives mais aussi négatives, et qui, chacun, commence leur nouvelle vie, qui lui échappe un peu.




Sophie Lemp nous raconte à travers une plume douce et pudique ses sentiments, ses doutes et sa culpabilité d'enfant, une enfant prise dans un tourbillon qui a laissé sa marque sur la femme qu'elle est devenue, toujours triste de ne pas avoir pu réunir ses parents. Elle écrit pour les réunir à nouveau, pour se souvenir du doux cocon familial qui a bercé son enfance et qui a tout à coup disparu, à jamais.







 Merci aux éditions Allary et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir Leur séparation !


dimanche 2 juillet 2017

La femme nue - Elena Stancanelli



 La vie d’Anna vole en éclats quand Davide la quitte.  Incapable d’accepter la séparation, elle pirate son compte  Facebook, suit ses moindres mouvements à l’aide de son  portable, et scrute de façon obsessionnelle ses échanges avec  sa nouvelle conquête. Très vite, Anna ne dort plus et maigrit  de façon alarmante. Prise au piège dans ce vertige virtuel  de suppositions et de fantasmes, elle décide d’élaborer un  scénario implacable pour humilier sa rivale…
216 pages - Contemporain - 2017



Mes impressions :

Sous la forme d'un récit court mais non dénué de force, Elena Stancanelli nous entraîne avec La femme nue dans la vie d'une femme détruite, prise dans un tourbillon de jalousie, de haine et de technologie.


Le jour où Anna, par hasard, surprend les infidélités de son mari Davide, son quotidien éclate. Cette femme ordinaire plonge alors dans un désespoir qui la mène à des actions insensées et la détruit peu à peu. On suit les états successifs à cette rupture, de la haine de l'autre à la libération, en passant par le refus ou la perte de confiance en soi, le tout accompagné d'une obsession et d'une violence qui ne quitte jamais le personnage. 
Anna pense, repense, ressasse son vécu et sa rupture, sans parvenir à se libérer de son histoire avec Davide. Elle tombe dans l'excès, tant émotionnel que physique, car le corps est fortement lié à l'état d'esprit d'Anna. Ses périodes de manies ou de dépressions sont accompagnées d'envie, d'excitation, et d'une anorexie qui dégrade son corps en même temps que son esprit.

J'ai trouvé le personnage d'Anna terriblement vraie. Elle s'apitoie, elle est agaçante, excessive à en faire peur et totalement à côté de la plaque, ce qui peut la rendre détestable. Son obsession est au centre de tout, et nous révèle les instincts et désirs les plus malsains de l'être humain.
Anna n'est pas un personnage parfait, ni même "bon", mais elle est prête à tout pour s'en sortir, même si elle ne sait pas comment s'y prendre et qu'elle s'enfonce inexorablement. 
Une histoire banale, mais qui détruit tout quand elle vous arrive, à vous.

Un autre grand thème de ce roman est la technologie qui nous entoure aujourd'hui, et qui nous permet des dérives encore plus folles. Scruter les moindres faits et gestes de l'autre, ses nouvelles habitudes ou relations, le voir se reconstruire sans nous. S'insulter anonymement ou narguer l'autre par écrans interposés. Avoir des relations rapides, du sexe à outrance sans sentiments, dans la solitude la plus totale. Toutes ces choses qui, dans le contexte d'une rupture, nous isole et nous fait sombrer d'avantage, en nous rappelant sans cesse l’existence de l'autre et notre solitude nouvelle.



La femme nue est un roman réussi qui évoque la rupture sans détour, sans poésie et autres fioritures, dans ce que le désespoir à de plus brut et laid.





Merci aux éditions Stock et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir La femme nue !

dimanche 28 mai 2017

Le bureau des Jardins et des Étangs - Didier Decoin



 Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n'empêche pas Katsuro de se noyer. C'est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu'à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l'eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l'homme qu'elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu'il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
396 pages - Contemporain - 2017





Mes impressions :
Avec Le bureau des Jardins et des Étangs, Didier Decoin nous emmène dans un Japon ancien poétique et voluptueux. 

Nous voici dans le Japon du XIIème siècle, au côté Miyuki, veuve d'un excellent pécheur de carpes, dans un petit village sur les rives de la rivière Kusagawa. La mort de son époux l'oblige à entreprendre un long périple jusqu'à la capitale, afin de livrer les dernières carpes péché par ce dernier au bureau des jardins et des étangs de la cité impériale. Son voyage, sous un plume poétique, lui fait explorer de nouveaux paysages, puis la grande ville et enfin le monde de la noblesse, si loin de ses préoccupations. 
On sent que l'auteur s'est inspiré des célèbres estampes japonaises, à la fois poétiques, voluptueuses et railleuses. La société, le rythme de la vie, les paysages, l'aspect sale et précaire sont bien retranscrits et le lecteur se sent immergé dans les tableaux dépeints, qui prennent vie. Les pensées de Miyuki, ingénue, qui se retrouve dans les couches de plus en plus hautes de la société qu'elle ne connaît pas, apporte un effet comique, voir railleur, qui rappelle aussi des écrits comme le Dit du Genji de Murasaki Shikibu.

Malgré tout, j'ai trouvé que la narration est trop poétique, mais aussi trop érotique à mon goût. J'aurai aimé que l'humour prenne un peu plus de place, comme ce que m'évoquent les estampes, surtout érotiques, qui ont un côté burlesque beaucoup plus marqué.
Enfin, j'ai trouvé l'intrigue plutôt floue. Si au départ l'héroïne débute un voyage avec un objectif, peu à peu l'histoire devient une succession d’événements dans lesquels l’héroïne se laisse entraîner, contemplative elle aussi, jusqu'à une fin étrange, qui m'a laissé une impression d’inachevé, ou plutôt de brume qui se dissipe on ne sait où.

Le bureau des Jardins et des Étangs est un roman agréable, qui nous plonge dans un Japon du XIIème siècle poétique et voluptueux, artistique, proche d'une estampe. Malgré tout, il est plutôt à réservé aux amateurs d'ambiance et de contemplation.



Merci aux éditions Stock et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir Le bureau des jardins et des Étangs !

samedi 18 février 2017

La tombe des lucioles - Akiyuki Nosaka

La tombe des lucioles
  L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des bombes et de la famine tandis que la guerre fait rage.
Les Algues d'Amérique
  Toshio se remémore ses souvenirs de la guerre, pendant laquelle il était enfant, alors que sa femme invite un couple d'amis américains à séjourner chez eux.
139 pages - Contemporain - 1967 & 1968

Ce que j'en ai pensé :
J'ai beaucoup aimé La tombe des lucioles. Court et percutant, le récit est très descriptif. On s’appuie sur les fait, plus que les sentiments, on est loin du pathos qui s'étale (ce qui m'avait déplu dans le film en passant...). On nous décrit les horreurs, et parfois un peu d'espoir, sans jugement, sans sentimentalisme exacerbé.  On sent la désillusion et l'ironie de l'auteur face à cette catastrophe et à la société japonaise, qui a fait de sa malheureuse expérience un récit touchant et percutant, qui nous fait comprendre un peu plus l'étendue de l'horreur des bombes et de la guerre.

Dans la seconde nouvelle, l'auteur s'attarde sur le sentiment des Japonais face aux Etats-Unis, sentiment du vaincu face au vainqueur. On nous décrit ce sentiment ambivalent à la fois de rejet et d'admiration pour les Etats-Unis, la servitude japonaise d'un côté et l'envie de montrer la grandeur japonaise de l'autre. Les complexes sont nombreux, la défaite, la perte de son armée, la physionomie même, et la grande modernité qu'affiche les Etats-Unis, qui attire. Mais la fierté japonaise est toujours présente, et le narrateur tente de ne pas se laisser subjuguer, de retrouver une grandeur à son pays, mais aussi pour lui-même.

// Deux nouvelles percutantes et très intéressantes pour comprendre un peu mieux le sentiment japonais pendant la guerre et d'après-guerre. //

mercredi 26 octobre 2016

Je m'appelle Leon - Kit de Waal (#MRL16)



  Leon, 9ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n'arrive plus à se lever le matin, il s'occupe de son demi-frère Jake. Quand l'assistante sociale ammène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c'est lui qui sait de quoi bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu'on lui dit que chez ses nouveaux parents il n'y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c'en est trop. Leon se fait la promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant... 
352 pages - Contemporain - 2016

Les + :
-le point de vue d'un enfant.
-un regard nouveau sur des thématiques difficiles.
-Léon, intéressant et attachant.


Ce que j'en ai pensé :
Touchant, intrépide, déroutant, le petit Léon est un concentré de questions et d'émotions.


Je m'appelle Leon est un roman sur une enfance difficile, que le lecteur va vire à travers les yeux de l'enfant. Ici, c'est Leon, 9 ans, qui subit la dépression de sa mère, puis les décisions et réflexions des adultes, à son propos ou non. Sans qu'on ne le consulte, sans même lui parler, les adultes vont et virent autour du petit garçon. Alors Leon s'interroge sur ce qu'on ne lui dit pas, sur ce que les adultes gardent pour eux, et sur sa place, qu'il cherche tant à trouver.

Le style du récit est très efficace. Nous avons bien le point de vue d'un enfant, tant par la façon de parler que par ses réflexions, ce qu'il comprend de ce qu'il se passe et comment il perçoit les choses. J'ai eu l'impression d'être, comme lui, dans un flou, face à des adultes qui paraissent lointains, avec leurs problèmes qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas partager, trop complexe pour un enfant. Les sentiments de Leon sont puissants, vifs, mêlé les uns aux autres. On comprend pourtant très bien tout ce qu'il se passe, les réactions de Léon et son mal-être.

Dans ce roman, l'auteur aborde les thématiques du mal-être, de l'abandon, de l'adoption, des liens, du racisme. Le point de vue d'un enfant, étonnant, apporte un nouvel angle de réflexion et un intérêt nouveau sur ces problématiques. Je déplore tout de même un manque d'approfondissement sur certains points, et un fin un peu trop ouverte à mon goût.

//Je m'appelle Leon est un roman très intéressant, par son point de vue nouveau sur certains thèmes, mais surtout par son narrateur, un enfant touchant et intrépide, qui fait de son mieux pour que tout le monde soit heureux.//



#MRL16
Merci à Priceminister et à la librairie Chapitre qui m'ont envoyé ce roman en partenariat dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire 2016 ! 

dimanche 2 octobre 2016

Enola Game - Christel Diehl


  Une jeune femme et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison. À l'origine de cette claustration, il y a Enola Game, une catastrophe dont on ne connaît pas la nature exacte : accident nucléaire ? Conflit mondial ? Guerre civile ? Au fil des semaines, malgré sa peur et son chagrin, la mère puise dans sa mémoire et ses lectures mille raisons de célébrer la vie. Cependant, tandis que la mère louvoie entre sa douleur, ses souvenirs magnifiés et sa volonté farouche de donner un sens à la vie de son enfant, les quelques nouvelles du monde qui lui parviennent encore sont chaque jour un peu plus alarmantes.
118 pages - Contemporain/Drame - 2012


Ce que j'en ai pensé :
Court roman en huit clos, Enola Game est un concentré de sentiments qui marquera les quelques heures que vous lui aurez consacrées et toutes celles qui suivront.

Un grand flash, un bruit de détonation, c'est le début de longues semaines d'angoisses, de doute et de méditation pour une mère de famille qui se retrouve seule avec sa petite fille de 3 ans. Cette mère qui doit survivre sans savoir comment son monde en est arrivé là, dont les préoccupations changent et deviennent le rationnement et comment se réchauffer, qui doit assumer seule son angoisse et rassurer son enfant, tout en ne sachant pas ce qui se passe en dehors de son monde réduit que constitue sa maison.

Ce roman est vraiment poignant. Découpé en court paragraphe, le narrateur, qui est cette femme, nous livre ses sentiments et ses réflexions à travers ses souvenirs, son passé révolu, ses suppositions et doute sur ce qu'il se passe à l'extérieur, ses lectures, et ses moments présents dans la maison avec sa petite fille, qui demande de la douceur et de l'espoir à sa maman, qui doit se montrer forte pour elle. Les personnages dégagent beaucoup de tendresse et d'espoir, ce qui rend le contraste avec les événements encore plus saisissant pour le lecteur.

//Enola Game, c'est le récit d'une vie banale et agréable qui s'arrêtent soudain, une introspection sur ce que l'on a perdu quand on ne sait pas si on n'a plus rien, et l'espoir qu'on garde au fond de soi et qu'il ne faut pas perdre. Court, mais intense.//

samedi 10 septembre 2016

Nos séparations - David Foenkinos

  Fritz et Alice forment le couple le plus improbable qui soit : lui est fils de hippies soixante-huitards restés fidèles à leurs engagements de jeunesse, elle, est un pur produit de la bourgeoisie catholique, 'Versaillaise' comme l'on dit parfois. Fatalement, ces deux-là vont se rencontrer, s'aimer, se détester, se déchirer, se retrouver. L'histoire ne serait-elle qu'un perpétuel recommencement ?
219 pages - Contemporain - 2008


Ce que j'en ai pensé :
Nos séparations est ce genre de roman rapide à lire, pas inoubliable, mais qui nous fait passer un bon moment.
Nous suivons Fritz, qui vit une idylle de jeunesse avec Alice. Petit à petit, la vie s'insinue entre eux, les change, les rattrape et affecte leur relation. Fitz nous raconte cette histoire, cette vie avec et sans Alice, qui la poursuivra malgré les événements jusqu'au bout.
Pas de pathos, pas de drame, le narrateur nous raconte sa vie passée, avec du recul. Cette mise à distance permet au narrateur de nous transmettre ce qui a vraiment été important, les grands événements et les sentiments qui ont marqué sa vie et qui resteront dans son souvenir, en balayant ce qui importe finalement peu. Le récit prend aussi un caractère universel, dans lequel chaque lecteur pourra se reconnaître, dans une histoire banale qui a de l'importance pour celui qui la vit.
//Envie d'une lecture rapide, pas prise de tête, mais agréable, Nos séparations est fait pour ce moment. Une histoire pas inoubliable, mais une écriture fluide et des bons sentiments pour passer un moment agréable de lecture.//

jeudi 18 août 2016

Unspeakable - Abbie Rushton


 Megan doesn't speak. She hasn't spoken in months. Pushing away the people she cares about is just a small price to pay. Because there are things locked inside Megan's head - things that are screaming to be heard - that she cannot, must not, let out. Then Jasmine starts at school: bubbly, beautiful, talkative Jasmine. And for reasons Megan can't quite understand, life starts to look a bit brighter. Megan would love to speak again, and it seems like Jasmine might be the answer. But if she finds her voice, will she lose everything else?
288 pages - Contemporain / drame / young adult - 2015



Version française : Non annoncée pour le moment.
Niveau d'anglais : facile - vocabulaire de mouvement et d'émotion variés, globalement accessible si vous avez fait de l'anglais à l'école et avec un dictionnaire pour certains mots un peu plus compliqués.



Ce que j'en ai pensé :
Amour, décès, culpabilité, harcèlement, Abbie Rushton traite des sujets durs dans un roman touchant et attrayant.
Je me suis laissée emporté par l'histoire de Megan, qui a vécu des événements qui l'ont touché bien plus qu'on ne semble le croire, et sa rencontre avec Jasmine, la nouvelle de l'école qui arrive juste avant les examens. J'ai beaucoup aimé ces deux personnages, qui ont leur caractère et font des erreurs tout en restant touchantes et attachantes. On a vite envie d'en savoir plus sur ce qui a conduit l’héroïne à ne plus parler, à se sentir coupable, sur cette mystérieuse Jasmine qui arrive dans l'école à la fin de l'année, et sur cette amitié naissante entre elles.
Certains personnages m'ont semblé avoir une utilité moindre, mais les autres protagonistes sont tout de même présents et intéressants.
L'auteur a su, d'après moi, bien traiter les différents sujets qui sont abordés, et l'histoire sonne juste. Les sentiments de personnages et leurs réactions m'ont semblé plausibles, ce qui rend l'histoire encore plus attractive.
//Unspeakable est un roman qui parle de sujets difficiles et qui en parle bien. Les personnages attachants et l'histoire intrigante me laissent un bon souvenir de ce roman et un certain sentiment de tendresse.//

lundi 15 août 2016

Les derniers jours de Rabbit Hayes - Anna McPartlin


  Quand Mia, que l’on surnomme affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n’a plus que neuf jours à vivre, même si elle refuse de l’accepter, tout comme ses proches qui assistent, impuissants, au déclin de leur fille, sœur, mère ou amie. Tous sont présents à ses côtés pour la soutenir [...] À mesure que les jours passent et que l’espoir de sauver Rabbit s’amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s’interroger sur leur vie et la manière dont ils vont se construire sans cette femme qui leur a tant apporté. Rabbit est au cœur de ce petit groupe et des préoccupations de chacun de ses membres. Si elle a perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage.
454 pages - Contemporain - 2016

Ce que j'en ai pensé :
"À travers une galerie de personnages touchants, ce récit sur le deuil déborde d'un optimisme rare et nous rappelle que, quelles que soient les circonstances, il y a toujours la lumière au bout du tunnel."
Voici le commentaire qui se trouve au dos de l'édition cherche midi. Je l'ai relu après l'avoir terminé et je me suis dit "C'est exactement ce que j'en ai pensé !".
Les derniers jours de Rabbit Hayes a vraiment été un très bon moment de lecture. Si le thème abordé peut paraître lourd et larmoyant, c'est tout le bonheur qui rayonne de ce livre qui m'a marqué. Loin de d'apitoyer sur son sort, Rabbit et sa famille vont lutter afin que, si la fin est inévitable pour l'une d'entre eux, la vie continue pour ceux qui restent. On suit les proches de Rabbit dans les moments d'espoirs, ceux de désillusions et de désespoirs, mais aussi les souvenirs et le bonheur d'être une famille. Car ce roman est surtout une histoire sur l'amour et le soutient d'une famille, et comment elle permet à chacun de se retrouver et de continuer à avancer.

 //Cette histoire est pour moi une lecture pleine d'amour et d'espoir, sans pour autant être trop niais ou trop larmoyant. Le développement de chaque personnage et les souvenirs d'une vie rock & roll, ainsi que les petites touches d'humour font de Les derniers jours de Rabbit Hayes un roman qu'on n'arrive pas à lâcher avant la fin.//

dimanche 17 juillet 2016

Métaphysique des tubes - Amélie Nothomb

Parce qu'elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles - déglutition, digestion, excrétion -, ses parents l'ont surnommée la Plante. L'intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c'est Dieu. Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n'est pas éternelle, même au pays du Soleil levant... Avec cette " autobiographie de zéro à trois ans ", la romancière de Stupeur et tremblements, Grand Prix du roman de l'Académie française en 1999, nous révèle des aspects ignorés de sa personnalité et de la vie en général, tout en se montrant plus incisive, plus lucide et plus drôle que jamais.
156 pages - Contemporain/Autobiographie - 2000

Ce que j'en ai pensé :
 Les malheurs de Sophie à qui ont aurait donné la voix d'une adulte, c'est bien ce qui décrit Métaphysique des tubes.
J'ai pu entendre et lire que beaucoup de personnes n'avaient pas aimé ce court roman, trouvant le ton de l'auteur trop présomptueux. Pour moi, c'est la toute la force du roman. En effet, madame Nothomb ne fait que donner ses mots, ceux d'une adulte, à la petite fille de 0 à 3 ans qu'elle était. Et forcément, à cet âge où l'enfant découvre peu à peu que le monde est indépendant de lui-même, des mots d'adultes rendent le tout explosif à lire.
J'ai trouvé les anecdotes et les tourments de la petite Amélie drôles et touchants. De plus, j'ai beaucoup aimé être au Japon.
//Métaphysique des tubes oscille entre l'amère découverte du monde et l'innocence de l'enfance, un roman court et frais à lire, pour sourire et s'attendrir.//

samedi 25 juin 2016

Le désert des Tartares - Dino Buzzati

 Heureux d'échapper à la monotonie de son académie militaire, le lieutenant Drogo apprend avec joie son affectation au fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, gardienne inutile d'une frontière morte. Au-delà de ses murailles, s'étend un désert de pierres et de terres desséchées, le désert des Tartares. 
À quoi sert donc cette garnison immobile aux aguets d'un ennemi qui ne se montre jamais ? Les Tartares attaqueront-ils un jour ? Drogo s'installe alors dans une attente indéfinie, triste et oppressante. Mais rien ne se passe, l'espérance faiblit, l'horizon reste vide. Au fils des jours, qui tous se ressemblent, Drogo entrevoit peu à peu la terrible vérité de fort Bastiani.
253 pages - Contemporain - 1940
Ce que j'en ai pensé :
Un livre sur l'attente et le vide, qui tient pourtant le lecteur en haleine.
Le désert des Tartares, c'est le récit des sentiments d'un jeune soldat, Drogo, qui rêve d'une grande carrière. Mais muté au fort Bastiani, citadelle perdue dans le désert, il va se retrouver peu à peu englué dans la vie du fort et dans l'attente de "quelque chose de lieux", jusqu'au dénouement final. Ce roman est un superbe récit sur la vie humaine, nos attentes, nos espoirs et finalement le temps qui passe et laisse nos vie derrière nous.
Si le récit n'est qu'une illustration à la volonté de faire réfléchir le lecteur, on se laisse quand même emporter par l'histoire, sans difficulté de lecture ou de compréhension. Les métaphores sont à la fois habilement insérées dans le récit et claires à comprendre.
//Le désert des Tartares est un roman qui met le lecteur face à sa condition humaine, tout en restant entraînant jusqu'au dénouement final. Une lecture-réflexion abordable et agréable
    (quoiqu'un peu déprimante).//

mercredi 15 juin 2016

Le liseur - Bernhard Schlink

 À quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, et elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles.
243 pages - Contemporain - 1995


Ce que j'en ai pensé :
Lu d'une traite, Le liseur est un roman court mais qui sait emporter son lecteur. 
L'amour et la passion qui agitent le narrateur jusqu'à la fin du récit sont forts et la dureté à laquelle ils se heurtent nous touchent. C'est avec plaisir et curiosité que l'on suit les personnages.
Le contexte dans lequel s'inscrit l'histoire apporte de la profondeur à cette histoire, et pousse la réflexion plus loin sur une époque et un contexte peu abordés.
//Un livre prenant, touchant, qui apporte un point de vue innovant sur son sujet et qui ne laisse pas son lecteur indifférent.//

107 ans - Diastème

  À seize ans, Simon a vécu sa première et sa plus belle histoire d'amour avec Lucie. Cet amour a viré au cauchemar. Il aura suffi d'une erreur, d'une relation extraconjugale pour que Lucie s'en aille. Parce qu'il l'aime trop, Simon se livre à des actes que la morale et le monde médical réprouvent. Car Simon, tel Peter Pan, ne veut pas grandir. Il ne veut que Lucie. Et depuis son départ, c'est le monde qui se trouve menacé de disparition. Avec ce récit déchirant, Simon nous ouvre les portes de son théâtre intérieur, de sa fantaisie et de sa souffrance. 
155 pages - Contemporain - 2004

Ce que j'en ai pensé :
Un roman fort sur un amour adolescent et ses ravages. Ce roman nous rappelle à quel point nos passions d'adolescent étaient fortes, et comme le monde peut sembler s'écrouler quand un être cher s'en va. Le narrateur, Simon, incarne cet adolescent meurtri au plus profond de son être, à travers les mots durs et les idées démentes qui expriment sa détresse.
//107 ans est violent et va dans l'extrême, mais c'est ce qui fait sa force. Il permet de se rappeler et de comprendre à nouveau que l'amour peut être destructeur, et que l'adolescence est un passage à la fois difficile et important pendant lequel les sentiments se déchaînent et construisent ce que nous devenons.//

mercredi 20 novembre 2013

La grâce des brigands - Véronique Ovaldé


258 pages

Résumé :
Maria Cristina Väätonen a seize ans lorsqu'elle quitte la ville de son enfance, une bourgade située dans le grand Nord, entourée de marais et plongée dans la brume la plupart de l'année. Elle laisse derrière elle un père taciturne, une mère bigote et une sœur jalouse, pour s'installer à Santa Monica (Los Angeles). C'est le début des années 70 et des rêves libertaires.
Elle n'a pas encore écrit le roman dans lequel elle règlera ses comptes avec sa famille, et qui la propulsera sur la scène littéraire. Et elle n'est pas encore l'amante de Rafael Claramunt. Séducteur invétéré, cet excentrique a connu son heure de gloire et se consacre désormais à entretenir sa légende d'écrivain nobélisable. Est-il un pygmalion ou un imposteur qui cherche à s'approprier le talent de Maria Christina ?







Mon avis :
C'est grâce à Priceminister et à ses Matchs de la rentrée littéraire que j'ai pu découvrir La grâce des brigands, que je n'aurais sans doute pas lu sans ça. Et je dois avouer que si l'objet-livre en lui-même me donne envie de lire ce roman, j'ai était tout de même très surprise d'avoir autant accroché, et d'avoir lu le livre quasi d'une traite. Un coup de cœur que j'aurais pu facilement rater et un genre que je me découvre à aimer bien plus que prévu.

jeudi 13 juin 2013

Le pingouin - Andreï Kourkov


272 pages

Résumé :
À Kiev, Victor tente péniblement de survivre. Journaliste au chômage, il a adopté Micha, un pingouin dépressif, rescapé du zoo. Lorsqu'un patron de presse propose à Victor de préparer des nécrologies de personnalités encore en vie, Victor saute sur l'occasion. mais voilà que ces personnes se mettent à disparaître à une vitesse alarmante... Crimes commandités par la mafia ou règlements de comptes politiques ?












Une toute petite chose avant de commencer à parler de ce livre : ce n'est pas trop demandé d'être cohérent dans sa traduction ?! Bon sang !  Micha le pingouin, il est mignon tout ça... et là, PAF, ça devient un manchot pour les explications scientifiques ! Oui Micha est bien un MANCHOT ! Alors non seulement cette manie de traduire presque systématiquement manchot en "pingouin" est agaçante au possible, mais alors qu'un seul animal devienne tour à tour un manchot ou un pingouin parce que "Le manchot" c'était moins cool comme nom, mais que pour rester dans le vrai scientifique il fallait quand même que ce soit un manchot, je dis NON !

Des pingouins                                                           Des manchots
      Ceux-ci ont des AILES                                                Ceux-ci ont des NAGEOIRES


Mon avis :
Malgré la désagréable surprise dont je viens de vous parler (qui la fout mal pour une fanatique des pingouins et des manchots quand même.), j'ai quand même apprécié ce roman. Il a tout de même quelque peu déçu mes attentes par son manque d'action, ce que le résumé laissait pourtant entrevoir.

Victor est un homme solitaire est désabusé. Il ne cherche pas vraiment la compagnie, ni la reconnaissance, ni rien. Juste de quoi vivre en fait. Et cette proposition de nécrologie va changer sa vie, y faire entrer des gens, de la vie, du mystère, de la peur aussi. Malheureusement, malgré cette trame de base qui aurait pu donner quelque chose de très intéressant, Victor ne change pas. Ainsi, il n'enquête pas vraiment. Il se pose des questions, mais ne va pas chercher à y répondre. Il se contentera d'essayer de les oublier. Le souci est que le lecteur aussi se pose des questions et aimerais des réponses ! On n'obtiendra pas grand-chose. Victor fini par comprendre certaines choses, mais personnellement, je n'ai pas trouvé ça clair du tout.
Le résumé parle de disparitions des personnes dont Victor fait les nécrologies. Pourtant, d'après ce que j'ai compris, la première victime n'avait pas fait l'objet d'une nécrologie mais était cité dans l'une d'elle. Les autres victimes ont eu des nécrologies, mais elles sont vraiment moindres par rapport au nombre qu'il en a fait. Du coup, j'ai mal compris le lien entre Victor et les morts... En fait, le côté policier est brouillon, on ne comprend pas grand-chose du début à la fin. J'ai fini ce livre en me posant toujours la même question qu'au début.
Malgré tout, j'ai quand même apprécié ma lecture. Victor n'est pas très actif certes, mais au fur et à mesure que des gens entre dans sa vie, il change. Et j'ai trouvé cela assez intéressant, leur quotidien. Parce que c'est cela, c'est un roman sur le quotidien d'un homme seul qui va se retrouver malgré lui embarqué dans une histoire qui le dépasse.

Victor n'a rien d'un personnage attachant. Il est mou, vide. Rien n'a l'air de l'intéresser, ni de lui faire envie. Pourtant, on finit par avoir de la sympathie pour lui. Mais je crois que la présence de Micha y est pour beaucoup. Bon, pour ma part, ça a beaucoup joué. Micha est un manchot dépressif qui dort debout derrière le sofa. Il est adorable, et la relation qu'il a avec Victor est très forte. Cette amitié entre ces deux grands malades est touchante.
À côté de ce duo de dépressif, nous avons l'ami policier, Micha, pas le manchot mais l'autre, Sonia la petite fille, Nina et le spécialiste des manchots. J'ai beaucoup aimé l'ami policier et le spécialiste des manchots. En revanche, pour Sonia et Nina, mon avis reste mitigé. Je les aime bien, mais en même temps j'ai l'impression qu'elles sont détachées de Victor et Micha. Et ce que Victor en pense à la fin est bien ce qu'on en ressent au final.


En bref :
+ Victor et Micha sont touchants, on a envie de les suivre. Le côté "tranche de vie" est intéressant.  Il y a un manchot (bonus personnel).  Les bases de l'histoire sont intéressantes...
- ... mais pas approfondit du tout. Le côté policier peu présent est incompréhensible. Le personnage principal n'est pas curieux, donc on n'apprend pas grand chose.

Citation :
"J'ai pas de chance avec les femmes. J'en ai eu marre, j'ai pris un pingouin et je me suis tout de suite senti mieux."

7.5/10

vendredi 31 mai 2013

J'irai cracher sur vos tombes - Boris Vian


220 pages

Résumé :
Lee Anderson, vingt-six ans, a quitté sa ville natale pour échouer à Buckton où il devient gérant de librairie. Il sympathise dans un bar avec quelques jeunes du coin. Grand, bien bâti, payant volontiers à boire, Lee, qui sait aussi chanter le blues en s'accompagnant à la guitare, réussit à séduire la plupart des adolescentes. Un jour il rencontre Dexter, le rejeton d'une riche famille qui l'invite à une soirée et lui présente les soeurs Asquith, Jean et Lou (17 et 15 ans), deux jeunes bourgeoises avec "une ligne à réveiller un membre du Congrès". Lee décide de les faire boire pour mieux les séduire... et poursuivre son sinistre dessein.
Récit d'une vengeance, dénonciation du racisme et de l'intolérance, ce best-seller fut jugé à l'époque immoral et pornographique, ce qui amena son interdiction en 1949 et la condamnation de son auteur pour outrage aux bonnes moeurs.







Mon avis :
J'irai cracher sur vos tombes est un roman que j'ai lu assez rapidement. J'avais entendu parler d'une violence inouï, d'un roman choquant, sans savoir vraiment à quoi m'attendre. Du coup, je n'ai pas été déçue, même si je n'ai pas été totalement charmé non plus.

L'histoire est du point de vue d'un homme dont on ne sait rien et dont on va découvrir l'histoire peu à peu, disséminée par des sous-entendus le long du roman. Lee Anderson est un homme banal, qui vit dans un monde de débauche constante et de violence. C'est en ça que ce livre est choquant je crois, parce toute cette débauche et violence de la société est décrite comme normale. Lee couche avec plusieurs filles çà et là, il a toujours sa fiole d'alcool, il traine avec les jeunes en ne faisant pas grand-chose, il jour de la guitare, bref, une jeunesse de ces années normale, du moins traitée comme normale. De même, les évènements et pensées plus violente sont racontés de manière assez neutre, ce qui apporte une dimension encore plus horrible et dérangeante à ceux-ci. C'est tout ce côté "Oui, la violence et la décadence sont là, c'est normale." qui rend cette histoire choquante.
J'ai eu quand même du mal, parce que bien que l'envie de vengeance du personnage principal soit présente dès le début, il ne se passe pas grand-chose. Il tient une librairie, il essai d'avoir et réussi à avoir des filles, une vie assez monotone en somme, pendant laquelle le lecteur ne sait pas où tout cela va mener, car la révélation du "pourquoi une vengeance ?" arrive tardivement.
Cependant, cela se lit facilement, malgré le côté choquant l'histoire est fluide, et les chapitres sont courts. D'ailleurs, je ne saurais me décider sur la longueur : j'ai eu quand même une impression de rapidité à la fin, tout s'enchaine vite, mais si cela c'était plus étendu, l'effet brutal et violent de la fin aurait surement était moins bien rendu.

En ce qui concerne les personnages, j'ai été assez peu touché. Je n'en ai pas vraiment apprécié un. J'en ai détesté ça en revanche oui. Même Lee Anderson, c'est quelqu'un que je n'aurai pas envie de côtoyer. C'est un homme cynique, désabusé, pleins de défauts. Mais c'est aussi ce qui le rend humain, bien humain, rien d'héroïque et rien de plus horrible que les autres. Il n'est pas idiot, mais n'a plus d'espoirs en rien et est aveuglé par sa vengeance. Pourtant, il est touchant. On a envie qu'il s'en sorte, ou du moins qu'il se venge.


En bref :
+ Choquant, l'histoire est violente par sa manière d'être raconté, du suspense jusqu'au bout, un héros vraiment humain.
- Il ne se passe pas grand chose avant la fin.


Citations :
"Les livres sont très chers, et tout cela y est pour quelque chose; c'est bien la preuve que les gens se soucient peu d'acheter de la bonne littérature; ils veulent avoir lu le livre recommandé par leur club, celui dont on parle, et ils se moquent bien de ce qu'il y a dedans."

"Moi, j'allais à l'office du dimanche comme Hansen, mais je crois qu'on ne peut pas rester lucide et croire en Dieu, et il fallait que je sois lucide."

"Il était trop honnête, Tom, c'est ce qui le perdait. Il croyait qu'en faisant le bien, on récoltait le bien, or, quand ça arrive, ce n'est qu'un hasard. Il n'y a qu'une chose qui compte, c'est de se venger et se venger de la manière la plus complète qui soit." p. 88
7/10