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dimanche 5 novembre 2017

Un loup pour l'homme - Brigitte Giraud (#MLR17)



 Printemps 1960. Au moment même où Antoine apprend que Lila, sa toute jeune épouse, est enceinte, il est appelé pour l’Algérie. Engagé dans un conflit dont les enjeux d’emblée le dépassent, il demande à ne pas tenir une arme et se retrouve infirmier à l’hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. À l’étage, Oscar, un jeune caporal amputé d’une jambe et enfermé dans un mutisme têtu, l’aimante étrangement : avec lui, Antoine découvre la véritable raison d’être de sa présence ici. Pour Oscar, « tout est à recommencer » et, en premier lieu retrouver la parole, raconter ce qui l’a laissé mutique. Même l’arrivée de Lila, venue le rejoindre, ne saura le détourner d’Oscar, dont il faudra entendre le récit, un conte sauvage d’hommes devenus loups.

246 pages - Contemporain - 2017







Mes impressions :

Un loup pour l'homme, c'est l'histoire d'un homme qu'on arrache à sa vie pour une guerre qui n'est pas la sienne, et qui en sera assez changé pour ne jamais la retrouver.

mardi 19 septembre 2017

Les Tempêtes - Meg Little Reilly



Fuir ou ne pas fuir ? Radioscopie d’un couple en veille de tempête.

Ash et Pia ont choisi de mener une vie différente. Quitter leur petit confort de Brooklyn, ce quotidien de trentenaires arty. Acheter une jolie maison dans le Vermont. Rêver ensemble à de nouveaux projets devant des paysages à couper le souffle.
Mais leur greendream s’annonce de courte durée, menacé par l’annonce « des Tempêtes », un événement climatique sans précédent. Face à ce réveil de la nature, plus indomptable et imprévisible que jamais, les réactions humaines sont aussi variées que les caractères. Et devant l’inéluctabilité d’une catastrophe écologique, dans l’attente d’une possible fin du monde, l’union de Ash et Pia, peu à peu, se désagrège.

435 pages - Science-fiction - 2016


Titre original : We are unprepared



Mes impressions :

Ancienne membre de l'Environemental Defense Fund, une organisation de protection environnementale accrédité par l'ONU, notamment, Meg Little Reilly est une femme engagée. Avec Les Tempêtes, elle devient une autrice engagée soucieuse de nous présenter un avenir probable, sur le plan environnemental mais aussi sur le plan humain.

mardi 29 août 2017

Le jeu du chat et de la souris - A Yi



« J’étais l’ange de la mort, j’avais un pouvoir illimité, je pouvais décider de la vie et de la mort de ces passants, et eux, eux qui pensaient que le monde suivait son cours, ne comprendraient pas cette chose absurde et désespérante qui leur arriverait. »


Par une journée ordinaire, dans une petite ville de la Chine provinciale, un adolescent tue de trente-sept coups de couteau sa camarade de classe. Il a méticuleusement préparé son geste, planifié sa fuite, organisé sa défense. Mais pour quelle raison ? Dans ce premier roman magistral, A Yi s’empare d’un fait divers glaçant pour révéler les fêlures d’une société chinoise en pleine mutation.


240 pages - Contemporain/Thriller - 2017





Mes impressions :

L'humain, broyé par la pression sociale. L’exigence d'une vie, de désirs normalisés. La solitude. L'ennui. Et la violence.

samedi 5 août 2017

La tresse - Laetitia Colombani


Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, sa vie bascule.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend une terrible nouvelle.

Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.


224 pages - Contemporain - 2017




Mes impressions :

Premier roman de l'auteur, La tresse est un roman vibrant sur le destin de femmes, malgré ses défauts.

mardi 1 août 2017

L'Ascension du Mont Blanc - Ludovic Escande



 Quand Jean-Christophe Rufin et Sylvain Tesson emmènent un éditeur sujet au vertige à 4800 mètres d’altitude…
Éditeur parisien, Ludovic Escande est plus habitué aux salons littéraires qu’aux bivouacs en haute montagne. Un soir, il confie à son ami Sylvain Tesson qu’il traverse une période difficile, l’écrivain lui lance : « Mon cher Ludovic, on va t’emmener au sommet du mont Blanc ! ».
Il n’a jamais pratiqué l’alpinisme et souffre du vertige. Pourtant il accepte, sans réfléchir. S’il veut atteindre le toit de l’Europe, il devra affronter les glaciers à pic, les parois vertigineuses, la haute altitude et le manque d’oxygène. La voie que lui font emprunter Sylvain Tesson et Jean-Christophe Rufin est périlleuse pour un débutant. Mais c’est le plus court chemin pour retrouver goût au bonheur.
Avec sincérité et humour, Ludovic Escande raconte cette folle ascension qui est aussi et surtout une formidable aventure amicale, littéraire et spirituelle.
160 pages - Aventure/Autobiographie - 2017

Sortie officielle le 31 août 2017



Mes impressions :

Quand une personne qui va mal est entouré d'amis un peu fous, c'est une aventure tout aussi folle que l'on s'apprête à vivre.

Ludovic Escande est éditeur, il dirige la collection "L'Arpenteur" des éditions Gallimard. Alors que les problèmes s'accumulent dans sa vie, son ami Sylvain Tesson lui propose de se changer les idées. Et quand on a un ami écrivain voyageur qui n'a pas peur d'oser, on se retrouve avec un défi fou : gravir le Mont Blanc jusqu'à son sommet. C'est ainsi que débute l'aventure pour Ludovic Escande, accompagné de Sylvain Tesson et du polyvalent Jean-Christophe Ruffin.

Ludovic Escande se livre ici aux lecteurs : Va-t-il vraiment pouvoir gravir le Mont-Blanc ? Après tout, il fume beaucoup et n'est pas vraiment sportif. Et puis surtout, il souffre du vertige. Une ascension qui promet d'être difficile donc. De sa préparation à l'ascension, il nous livre d'abord ses questionnements, puis ses sensations et ses émotions. Le doute, la peur, l'exaltation, la beauté du lieu, le lecteur est emporté dans le tourbillon d'émotions que ressent le narrateur et l'on vit avec lui cette ascension, qui est une véritable aventure de sensations.

En plus d'une aventure physique, ce récit est aussi une aventure d'amitié. On découvre Sylvain Tesson et Jean-Christophe Ruffin, deux personnes aux caractères très différents, l'un fêtard et l'autre plus posé, qui apporte de la bonne humeur et de la chaleur au récit. Toujours avenant, alpinistes confirmés, ils sont un véritable soutient pour le narrateur.

Ludovic Escande nous fait vivre avec L'Ascension du Mont Blanc une aventure chaleureuse et pleine d'émotions, qui donne envie d'aller à son tour tenter cette montée vers les sommets.



Merci aux éditions Allary et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir L'ascension du Mont Blanc !

lundi 24 juillet 2017

L'enfant des sortilèges - Ulrich Stalker


  L'éducation n'épargne pas les hommes de changer de trajectoire ! Quand Mathieu délaisse les livres et la musique pour se consacrer à la médecine, ne renonce-t-il pas à ses rêves ? C'est d'un sacrifice que l'homme devient homme.

Que va devenir son ami Marc-Antoine qui n'excelle pas dans la musique ? Ne risque-t-il pas de se brûler les ailes ? Pourquoi sa professeur de français Aude Clermont représente-t-elle aux yeux de Mathieu l'illumination balzacienne ?

Lors d'un dîner avec Audrey, il ignore que l'étudiante désire s'affranchir de son éducation parentale. Le soir où il fête son baccalauréat, pourquoi n'a-t-il pas séduit Cécile ? À vingt-six ans, il devient médecin généraliste...

Quand il ausculte et rédige les ordonnances, il découvre des vies. L'artiste peintre Bernard Morin va-t-il exposer dans des galeries ? Le fils d'une patiente va-t-il lire Alexandre Dumas ? Comment un communiste renie-t-il ses idéaux ?
90 pages - Contemporain/Philosophique - 2017



Mes impressions :

Que personne ne se réjouisse trop vite. Derrière un titre attirant, se cache un roman qui ne vous fera pas passer un bon moment.


Dans L'enfant des sortilèges, on suit la vie inintéressante d'un bourgeois imbue de lui-même. Chaque chapitre est l'occasion d'une critique négative d'une personne rencontrée plus ou moins furtivement, qu'il se permet de juger sur la base d'une conversation ou de son apparence.

Persuadé d'être supérieur parce qu'il adore Sénèque, Beethoven et Eugène Delacroix, des artistes "de bons goûts" ultra-connus (ce qui manifeste d'un esprit éclairé, qui réfléchit par lui-même et se fait son propre avis), le narrateur dénigre allègrement tout ceux qui n'ont pas la culture et les goûts de ceux que l'on nomme "l'élite", la bonne culture ("Les Rolling Stones ont tué Beethoven !"). Guerre futile entre ses goûts et ceux des autres, critiques et débats enflammés... entre lui et lui-même.
Je ne parle même pas des dichotomies grossières présente dans l'histoire, entre lui-même, grand lecteur, et son frère, très sportif qui trouve les livres ennuyeux, pour exemple.
J'ai voulu marquer les pages dans lesquelles les propos du narrateur m'ont parut très prétentieux ou déplacés, mais j'ai fini par marquer la moitié du livre...

Dans le même ton, le narrateur expose ses grandes idées contre l'Etat, la politique, la démocratie, tout en dénigrant ceux qui ne sont pas parfaitement intégré à la société, lisse et sans rien qui ne se démarque.

Toutes ses réflexions intérieures sont le prétexte à une exposition de pensées philosophiques. Elles sont très nombreuses, et aucune n'est approfondie. Une ou deux pages à peine pour reprendre vaguement une idée déjà vue et revue, et développées de manière plus intéressante ailleurs.

Pour finir, dans un chapitre, le narrateur assiste à une naissance, et à la vue du bébé, il déclare que c'est "l'enfant des sortilèges". Sans raison. De quoi faire un bon titre de roman aguicheur.


En bref, je n'ai pas compris la volonté de l'auteur avec ce roman qui se dit philosophique, mais qui est juste un ramassis de clichés usés, même plus d'actualité. Il a au moins le mérite d'être rapide à lire.


jeudi 20 juillet 2017

Leur séparation - Sophie Lemp

« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose.»

Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c’est avec le regard d’une petite fille devenue adulte qu’elle revit cette séparation. Pourquoi cette blessure, commune à tant d’enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?
100 pages - Autobiographie - 2017

Sortie officielle le 7 septembre 2017


Mes impressions :

L'enfance, ce moment d'innocence délicat pendant lequel on s'émerveille du monde. Mère, père, grand-parents, les personnes qui nous protègent et nous chérissent lors de nos premiers pas sont nos premiers amours, nos premières idoles, à travers lesquelles nous vivons.  Alors, quand arrive la destruction d'un couffin idyllique et protecteur, c'est la joie de l'enfance qui éclate et qui vous marque à jamais.


Sophie a 10 ans quand ses parents divorcent. Le point final d'un amour qui s'est éteint, deux personnes qui souhaitent se séparer pour démarrer une nouvelle vie, se reconstruire. Les séparations sont toujours un peu difficile, un peu douloureuse, spectre d'une relation qui n'a pas réussi à s'épanouir ou à s'entretenir. Parfois plus pour l'un que pour l'autre, parfois dans la joie et parfois dans la douleur. La séparation est le début d'un changement, qui n'est pas toujours attendue. Mais surtout, la séparation touche souvent plus que seulement les personnes qui se séparent.


Sophie voulait elle aussi écrire son histoire de séparation, mais de son point de vue d'enfant qui la subit sans avoir ni pouvoir y jouer un rôle. Si le divorce de ses parents signifie pour eux la fin d'un amour, pour Sophie, c'est la fin de son nid d'amour enfantin composé d'elle entouré de son papa et de sa maman. C'est aussi la fin de l'illusion que ses parents sont unis, sont un. Peu à peu, elle apprend et se souvient de ses petits moments où tout ne s'est pas bien passé, les signes de la déchirure irrémédiable à venir.


Sophie doit maintenant commencer elle aussi une nouvelle vie, deux nouvelles vies, une avec son père et une avec sa mère, qui s'évite le plus possible. Elle compose avec deux parents qui se révèlent différents l'un de l'autre, mais aussi animé d'émotions parfois positives mais aussi négatives, et qui, chacun, commence leur nouvelle vie, qui lui échappe un peu.




Sophie Lemp nous raconte à travers une plume douce et pudique ses sentiments, ses doutes et sa culpabilité d'enfant, une enfant prise dans un tourbillon qui a laissé sa marque sur la femme qu'elle est devenue, toujours triste de ne pas avoir pu réunir ses parents. Elle écrit pour les réunir à nouveau, pour se souvenir du doux cocon familial qui a bercé son enfance et qui a tout à coup disparu, à jamais.







 Merci aux éditions Allary et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir Leur séparation !


dimanche 2 juillet 2017

La femme nue - Elena Stancanelli



 La vie d’Anna vole en éclats quand Davide la quitte.  Incapable d’accepter la séparation, elle pirate son compte  Facebook, suit ses moindres mouvements à l’aide de son  portable, et scrute de façon obsessionnelle ses échanges avec  sa nouvelle conquête. Très vite, Anna ne dort plus et maigrit  de façon alarmante. Prise au piège dans ce vertige virtuel  de suppositions et de fantasmes, elle décide d’élaborer un  scénario implacable pour humilier sa rivale…
216 pages - Contemporain - 2017



Mes impressions :

Sous la forme d'un récit court mais non dénué de force, Elena Stancanelli nous entraîne avec La femme nue dans la vie d'une femme détruite, prise dans un tourbillon de jalousie, de haine et de technologie.


Le jour où Anna, par hasard, surprend les infidélités de son mari Davide, son quotidien éclate. Cette femme ordinaire plonge alors dans un désespoir qui la mène à des actions insensées et la détruit peu à peu. On suit les états successifs à cette rupture, de la haine de l'autre à la libération, en passant par le refus ou la perte de confiance en soi, le tout accompagné d'une obsession et d'une violence qui ne quitte jamais le personnage. 
Anna pense, repense, ressasse son vécu et sa rupture, sans parvenir à se libérer de son histoire avec Davide. Elle tombe dans l'excès, tant émotionnel que physique, car le corps est fortement lié à l'état d'esprit d'Anna. Ses périodes de manies ou de dépressions sont accompagnées d'envie, d'excitation, et d'une anorexie qui dégrade son corps en même temps que son esprit.

J'ai trouvé le personnage d'Anna terriblement vraie. Elle s'apitoie, elle est agaçante, excessive à en faire peur et totalement à côté de la plaque, ce qui peut la rendre détestable. Son obsession est au centre de tout, et nous révèle les instincts et désirs les plus malsains de l'être humain.
Anna n'est pas un personnage parfait, ni même "bon", mais elle est prête à tout pour s'en sortir, même si elle ne sait pas comment s'y prendre et qu'elle s'enfonce inexorablement. 
Une histoire banale, mais qui détruit tout quand elle vous arrive, à vous.

Un autre grand thème de ce roman est la technologie qui nous entoure aujourd'hui, et qui nous permet des dérives encore plus folles. Scruter les moindres faits et gestes de l'autre, ses nouvelles habitudes ou relations, le voir se reconstruire sans nous. S'insulter anonymement ou narguer l'autre par écrans interposés. Avoir des relations rapides, du sexe à outrance sans sentiments, dans la solitude la plus totale. Toutes ces choses qui, dans le contexte d'une rupture, nous isole et nous fait sombrer d'avantage, en nous rappelant sans cesse l’existence de l'autre et notre solitude nouvelle.



La femme nue est un roman réussi qui évoque la rupture sans détour, sans poésie et autres fioritures, dans ce que le désespoir à de plus brut et laid.





Merci aux éditions Stock et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir La femme nue !

lundi 5 juin 2017

Un palais de papier - Françoise Hamel



  Lorsqu’Espérance de Kerzo quitte sa Bretagne natale pour la capitale, les caisses du Royaume de France sont désespérément vides et Louis XIV a accumulé une dette colossale. Déjà. Puis le Roi-Soleil s’éteint, mais l’ardoise reste.
Cependant tout Paris bruisse du nom d’un aventurier d’origine écossaise : John Law. Car cet homme a un plan, qui aura bientôt la faveur du Régent : remplacer la monnaie métallique par des billets de papier.
Fascinée, Espérance de Kerzo entre au service de celui dont on espère qu’il sauvera le pays de la faillite. Et c’est de l’intérieur, en observatrice privilégiée, qu’elle raconte les grandes innovations et les petites manigances de cette entreprise.
Pourtant, cette jeune fille fougueuse et libre, lectrice avide aussi bien de Montaigne que du Code paysan des premiers Bonnets rouges, a toujours rêvé de liberté – et jamais de finance. Les sentiments que lui inspire le troublant John Law seraient-ils à l’origine de cette contradiction ?
352 pages - Historique - 2017




Mes impressions :

Avec Un palais de papier, Françoise Hamel nous plonge dans la vie mondaine parisienne du Royaume de France du XVIIIème siècle, dans une période troublé et agité, qui sert de cadre à un événement historique : les débuts de la monnaie-papier en France.

On suit Espérance de Kerzo, issue d'une famille modeste de Bretagne, qui va peu à peu s'intégrer à la vie mondaine parisienne et devenir l'assistance de John Law, l'homme ambitieux qui réussira, pour un temps, à instaurer un nouveau système monétaire, celui du billet.
Espérance est une femme curieuse, cultivée, maligne et indépendante. C'est par ces qualités qu'elle va s'imposer petit à petit dans les classes les plus élevées socialement, et nous embarquer avec elle. Ses interrogations, ses pensées et ses remarques, qu'elle n'hésite parfois pas à formuler à haute voix, sont une manière très intéressante d’appréhender la société toute entière et de mettre en lumière des problématiques (lutte des classes, esclavage, féminisme) qui étrangement, sont toujours actuelle. L'héroïne est une vraie force dans ce roman, agréable à suivre et instructive.
Le sujet principal est, quant à lui, novateur. Françoise Hamel met la lumière sur un fait peu connu, ce qui est plaisant. De même, l'ambiance qui règne en arrière-plan (les nouvelles idéologies, les nouvelles découvertes...) nous plonge dans cette époque est nous en apprend un peu plus sur cette période de trouble, annonciatrice des événements importants  qui vont suivre.

Malgré tout, je n'ai pas réussi à entrer dans le récit totalement. Si l'héroïne est une force, son point de vue apporte une faiblesse au récit. Elle ne peut nous raconter que ce à quoi elle a directement assisté, et souvent en tant que spectatrice plutôt qu'actrice, ou ce qu'on lui a raconté. Il y a un effet de rumeurs rapportées, d'éloignement avec les faits, une impression de voir ce qui se passe "de loin". De même, beaucoup de choses évoquées restent des "choses évoquées", qui participent à l'ambiance générale mais sans être approfondi puisqu'elles ne sont pas le sujet de ce roman, ce qui pour ma part à renforcer l'effet de spectateur plutôt que d'acteur, et ainsi d'un éloignement.
Le système de Law est, quant à lui, complexe, et l'héroïne elle-même ne le comprend pas entièrement, ce qui nous éloigne encore d'une immersion totale.

Quelques soucis avec l'édition numérique que j'ai lue m'ont aussi un peu perdu dans ma lecture. Lors des dialogues, il y a parfois des tirets, pour annoncer qu'un personnage parle, et parfois non, et cela dans un même dialogue, à tel point que je ne savais plus si un personnage parlait ou l'héroïne se faisait une réflexion à elle-même.

Au final, Un palais de papier est un roman intéressant, qui met en avant un événement peu connu, mais qui malheureusement ne m'a pas passionné.





Merci aux éditions Fayard et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir Un palais de papier !

dimanche 28 mai 2017

Le bureau des Jardins et des Étangs - Didier Decoin



 Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n'empêche pas Katsuro de se noyer. C'est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu'à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, riche seulement de quelques poignées de riz, Miyuki entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l'eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l'homme qu'elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu'il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.
396 pages - Contemporain - 2017





Mes impressions :
Avec Le bureau des Jardins et des Étangs, Didier Decoin nous emmène dans un Japon ancien poétique et voluptueux. 

Nous voici dans le Japon du XIIème siècle, au côté Miyuki, veuve d'un excellent pécheur de carpes, dans un petit village sur les rives de la rivière Kusagawa. La mort de son époux l'oblige à entreprendre un long périple jusqu'à la capitale, afin de livrer les dernières carpes péché par ce dernier au bureau des jardins et des étangs de la cité impériale. Son voyage, sous un plume poétique, lui fait explorer de nouveaux paysages, puis la grande ville et enfin le monde de la noblesse, si loin de ses préoccupations. 
On sent que l'auteur s'est inspiré des célèbres estampes japonaises, à la fois poétiques, voluptueuses et railleuses. La société, le rythme de la vie, les paysages, l'aspect sale et précaire sont bien retranscrits et le lecteur se sent immergé dans les tableaux dépeints, qui prennent vie. Les pensées de Miyuki, ingénue, qui se retrouve dans les couches de plus en plus hautes de la société qu'elle ne connaît pas, apporte un effet comique, voir railleur, qui rappelle aussi des écrits comme le Dit du Genji de Murasaki Shikibu.

Malgré tout, j'ai trouvé que la narration est trop poétique, mais aussi trop érotique à mon goût. J'aurai aimé que l'humour prenne un peu plus de place, comme ce que m'évoquent les estampes, surtout érotiques, qui ont un côté burlesque beaucoup plus marqué.
Enfin, j'ai trouvé l'intrigue plutôt floue. Si au départ l'héroïne débute un voyage avec un objectif, peu à peu l'histoire devient une succession d’événements dans lesquels l’héroïne se laisse entraîner, contemplative elle aussi, jusqu'à une fin étrange, qui m'a laissé une impression d’inachevé, ou plutôt de brume qui se dissipe on ne sait où.

Le bureau des Jardins et des Étangs est un roman agréable, qui nous plonge dans un Japon du XIIème siècle poétique et voluptueux, artistique, proche d'une estampe. Malgré tout, il est plutôt à réservé aux amateurs d'ambiance et de contemplation.



Merci aux éditions Stock et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir Le bureau des jardins et des Étangs !

mercredi 26 avril 2017

L'homme qui haïssait le bien - Sébastien Bohler


  Le crime était une maladie. On a découvert le traitement.
Qu'y a-t-il dans la tête de Franck Corsa, le psychopathe le plus dangereux de France ?
Pour la première fois, grâce aux progrès fulgurants de l'imagerie cérébrale, quelques scientifiques peuvent le savoir. Ils proposent alors un marché au prisonnier : effacer les causes du mal dans son cerveau par une opération chirurgicale jamais tentée à ce jour.
Lorsque Corsa se réveille, il n'est plus le même homme. Bonté, compassion, douleur : toute une gamme de sentiments humains lui est brusquement révélée.
Seul problème : être un homme bon ne faisait pas partie de ses plans.
416 pages - Thriller - 2017


Ce que j'en ai pensé :
 En lisant le résumé, j'ai pensé que L'homme qui haïssait le Bien serait une histoire du point de vue, ou du moins centré sur Franck Corsa, le psychopathe qui subit une opération qui va le rendre "bon", que l'on suivrait son évolution psychologique après cette opération.
En vérité, cette histoire d'opération sur Franck n'est qu'un prétexte, interchangeable, au re-lancement d'une histoire de complots, de scandales d'État et de course-poursuite.

Ignorant que L'homme qui haïssait le Bien  est une suite (oui, c'est écrit sur la couverture), j'avais ressentie comme un manque lors de ma lecture. Un manque de profondeur dans les personnages, que l'on suit trop peu et qui sont nombreux. Un manque aussi dans le scénario, beaucoup de choses semblaient ne pas avoir été mise en place. Je rectifie donc mon avis, puisqu'il y a un premier tome.

-En revanche, je trouve quand même qu'il a manqué quelque chose à ma lecture. Le scénario semble reprendre beaucoup celui du tome précédent, et je m'interroge du coup sur l'intérêt de ce second opus. A part le dénouement des scandales de Neuroland, il y a peu de nouveautés. J'ai trouvé qu'il manquait de rythme, la mise en place  de l'histoire, notamment, est longue, il faut attendre un tiers du roman avant que l'opération dont on parle dans le résumé ait lieu. Il est vrai que je suis aussi fortement déçue que cette opération, mise en avant dans le résumé, ne soit que peu exploité. On nous fait même miroiter d'autres expériences sur d'autres prisonniers, mais on n'en reparle peu . Peut-être le tome suivant nous en apprendra plus ?  Il est vrai que certaines choses restent en suspens à la fin.

+Bien sûr, je ne peux pas reprocher à ce titre mon manque de renseignements sur la série. Et puis, L'homme qui haïssait le Bien est quand même un roman qui se lit facilement, et qui m'a fait passer un moment pas désagréable.
Toutefois, je peux quand même conseiller à ceux qui souhaitent lire cette histoire de lire Neuroland avant, car L'homme qui haïssait le Bien est une histoire compréhensible, mais moyenne si on la lit sans en savoir déjà un peu plus.



Merci aux éditions Robert Laffont et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir L'Homme qui haïssait le bien !

samedi 15 avril 2017

Comment parler de livres que l'on n'a pas lus ? - Pierre Bayard



  L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut en parler et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus.
162 pages - Essai - 2007

Les + :
-la distinction entre lecture et le fait de parler d'un livre
-la réflexion sur notre rapport aux livres


Ce que j'en ai pensé :
  Pierre Bayard nous propose ici un livre au nom bien provocateur, qui nous évoque un fait réprouvé socialement, mais qui pourtant est très banal : ne pas avoir lu un livre. Notamment un "must-read", donc la lecture est considéré comme acquise.

  C'est le point fort de cet essai : l'auteur cherche ici à déculpabiliser les lecteurs, mais surtout les non-lecteurs, de ne pas avoir lu. Parce qu'on ne peut pas tout lire, parce qu'on n'a pas envie de tout lire tout simplement. Mais aussi simplement parce qu'on a oublié. L'auteur fait un pied de nez à l'élite, celle qui vous méprise si vous n'avez pas lu tel ou tel livre : d'abord, parce qu'elle-même se vante de bien des lectures qu'elle n'a pas faites. Mais aussi parce que votre culture et votre intelligence ne se mesurent pas à une quantité de livres lus. Et enfin, parce que parler d'un livre, finalement, est un acte très différent de sa lecture. La lecture influence la manière de parler d'un livre, mais elle ne lui est pas nécessaire.
L'autre point très intéressant est l'interrogation que l'auteur pose quant à notre rapport à la lecture et aux livres. Il distingue plusieurs rapports au livre, de lecture, de non-lecture, et d'après-lecture. Un livre lu est pour nous, comme un livre non-lu, une construction de notre esprit à partir des informations que l'on a. Certes, on a beaucoup plus d'informations pour un livre lu selon moi, notamment le ressentie, qui est très important, mais en effet, chacun se reconstruit l'image d'un livre qu'il a lu, tout comme nous nous construisons une image d'un livre que nous n'avons pas lu, finalement. Ce qui emmène à la réflexion de l'auteur : on peut parler de livre que l'on n'a pas lu, si on en connaît assez à son sujet, puisque parler d'un livre, c'est parler de l'image que l'on a d'un livre. Et l'image que l'on se fait du livre, ce n'est pas seulement ce qu'on a retenu de sa lecture, qui est déjà  un acte d'altération, c'est aussi le contexte socio-culturel dans lequel s'inscrit le livre.
Là se pose la réflexion de l'auteur sur le fait de parler d'un livre. Parler d'un livre est finalement un acte qui n'a pas de rapport avec la lecture ou non d'un livre, mais à l'image que l'on s'est créé d'un livre. C'est aussi un acte social qui dépend d'autrui. L'image que vous avez du livre, l'histoire du livre en question et la personne avec qui vous en parler est ce qui influencera le dialogue.
On a donc une distinction claire entre la lecture d'un livre et le fait d'en parler et entre le livre et son histoire sociale.

  Malheureusement, je pense que le message que fait passer l'auteur n'est pas le bon : l'auteur fait l’apologie de la non-lecture. Pourquoi lire, alors que l'on peut très bien parler de livre que l'on n'a pas lus ? Ne lisons pas !

mercredi 12 avril 2017

La quatrième fée - Brigitte Guilbau


  Une légende vietnamienne raconte l’histoire de trois fées. La première veille sur l’embryon, le fœtus et la mère pour leur donner force et vigueur pendant la grossesse. La deuxième fée s’occupe de la naissance pour que la mère soit libérée rapidement et que l’enfant vienne au monde en bonne santé. La troisième apparaît quand vient l’heure de mourir : elle nous aide à passer la porte vers ce monde que l’on dit meilleur, à nous donner le courage et à nous apaiser. Qu’arriverait-il si, par un rendez-vous insoupçonné, une quatrième fée venait faire trébucher cette dernière?
198 pages - Drame - 2016



Ce que j'en ai pensé :
 Partout où ce roman passe, il est clairement mentionné "ATTENTION CECI N'EST PAS DU FANTASTIQUE!!!" (oui, l'éditeur l'a écrit en majuscules comme ça). Bon, pas de surprise pour moi donc.

En vérité, La quatrième fée c'est l'histoire d'une jeune femme qui tombe dans le coma suite à un accident. Un coma dont les médecins annoncent qu'elle ne reviendra pas. On découvre alors sa mère, Natacha, à travers cette épreuve, la douleur qu'elle subit, mais aussi les choix qu'elle doit faire. Car très vite, se pose la question de savoir si Natacha accepte qu'on débranche sa fille ou non. L'auteur s'attaque à des thèmes forts, la perte d'un enfant, qu'elle décision prendre lorsqu'un proche est dans un coma irréversible, ou le don d'organe. Le tout donne une histoire dure, touchante, qui fait se demander au lecteur "Et moi, qu'est-ce que je ferais à sa place ?".

Mais voilà. La quatrième fée aurait mérité, selon moi, beaucoup plus de temps. D'une part, le scénario reste très prévisible. Les ficelles sont grosses, il y a peu de surprises, même si le thème ne s'y prête pas vraiment, il est vrai. Les ressorts scénaristiques, quant à eux, sont très clichés, voir peu crédibles. J'ai eu l'impression que l'auteur a forcé les éléments pour que tout soit beau et bien. Le père de la jeune femme dans le coma, qu'elle ne connaissait pas, qui est comme par hasard dans le même hôpital, au même moment, pour son fils qui a besoin d'organe. Ça tombe bien !
Et justement, j'ai eu l'impression que l'histoire n'était qu'un prétexte à l'auteur pour aborder ces sujets et partager ses réflexions. On dirait que ces dernières, elles aussi, sont insérées de force dans l'histoire. Elles tombent un peu comme ça, au moment où le sujet est abordé, mais elles ne m'ont pas semblé être dans la continuité du récit. De plus, elles sont trop nombreuses, et du coup, j'ai eu l'impression d'avoir beaucoup d'ébauches de réflexions qui n'ont pas eu le temps d'être approfondies. Le don d'organe par exemple, est un thème qui arrive vraiment au dernier moment et qui m'a semblé à peine effleuré tant la réflexion autour est précipité.
L'écriture, en général, est maladroite. Elle manque de fluidité, on sent, comme pour les réflexions donc, des coupures, des choses que l'auteur a voulu dire mais n'a pas réussit à insérer totalement dans l'histoire. J'ai cru que La quatrième fée était premier roman, tant j'ai eu l'impression de lire une fanfiction. Cependant, l'histoire se lit très bien, et vite.


// La quatrième fée est un roman touchant, mais qui m'aurait mieux plus avec un approfondissement de l'histoire, plus de temps pour que les événements de l'histoire s’enchaînent de manière plus fluide et naturel, et plus de temps de réflexion aux personnages.
Malgré tout, j'ai vu beaucoup d'avis très positifs. Si personnellement, l'écriture m'a bloqué, je pense que beaucoup de personnes sauront l'apprécier pour tous ses bons côtés ! //



Merci aux éditions Lilys et à Netgalley pour m'avoir permis de découvrir La quatrième fée !

samedi 18 février 2017

La tombe des lucioles - Akiyuki Nosaka

La tombe des lucioles
  L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des bombes et de la famine tandis que la guerre fait rage.
Les Algues d'Amérique
  Toshio se remémore ses souvenirs de la guerre, pendant laquelle il était enfant, alors que sa femme invite un couple d'amis américains à séjourner chez eux.
139 pages - Contemporain - 1967 & 1968

Ce que j'en ai pensé :
J'ai beaucoup aimé La tombe des lucioles. Court et percutant, le récit est très descriptif. On s’appuie sur les fait, plus que les sentiments, on est loin du pathos qui s'étale (ce qui m'avait déplu dans le film en passant...). On nous décrit les horreurs, et parfois un peu d'espoir, sans jugement, sans sentimentalisme exacerbé.  On sent la désillusion et l'ironie de l'auteur face à cette catastrophe et à la société japonaise, qui a fait de sa malheureuse expérience un récit touchant et percutant, qui nous fait comprendre un peu plus l'étendue de l'horreur des bombes et de la guerre.

Dans la seconde nouvelle, l'auteur s'attarde sur le sentiment des Japonais face aux Etats-Unis, sentiment du vaincu face au vainqueur. On nous décrit ce sentiment ambivalent à la fois de rejet et d'admiration pour les Etats-Unis, la servitude japonaise d'un côté et l'envie de montrer la grandeur japonaise de l'autre. Les complexes sont nombreux, la défaite, la perte de son armée, la physionomie même, et la grande modernité qu'affiche les Etats-Unis, qui attire. Mais la fierté japonaise est toujours présente, et le narrateur tente de ne pas se laisser subjuguer, de retrouver une grandeur à son pays, mais aussi pour lui-même.

// Deux nouvelles percutantes et très intéressantes pour comprendre un peu mieux le sentiment japonais pendant la guerre et d'après-guerre. //

Pauline - Alexandre Dumas

  Quel secret cache Pauline ? Pourquoi fuit-elle le regard d'autrui ? Quel drame creuse son visage et altère son teint ? "Personne n'ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé", confie Pauline. En épousant le comte Horace de Beuzeval, un homme diabolique, la jeune femme à signé son arrêt de mort : chaque jour est devenu synonyme d'angoisse et d'effroi...
256 pages - Classique - 1838

Ce que j'en ai pensé :

Dans Pauline, Alexandre Dumas se met en scène en tant que public de l'histoire que lui raconte son ami Alfred de Nerval. Accompagné de nombreuses références à son époque et à ses propres récits, cette position adoptée par l'auteur nous donne l'impression étrange que cette histoire fut bien réelle, et que l'auteur nous livre ici un témoignage de la confidence de son ami. Et la narration, de même, nous donne l'étrange impression d'être dans la confidence, qu'on nous dévoile un secret, le mystère de cette Pauline qui intrigue l'auteur et nous intrigue à notre tour.

L'histoire de Pauline est une histoire du secret, d'où le sentiment que l'on nous donne dès les premières pages. Beaucoup de mystère et d'intrigues inquiétantes, dans une ambiance plutôt sombre, qui frôle le polar, sans tomber dans le lourd et l'oppressant. On est intrigué par Pauline, par son histoire. C'est une femme qui paraît avoir été lumineuse, mais qui est maintenant effacée et secrète.


// Une histoire pas inintéressante, secrète et trouble, accompagné d'une plume toujours agréable. Attention cependant, cette édition comporte beaucoup de notes de bas de pages, intéressantes voir utiles, mais qui casse un peu le rythme du récit. //

L'Ile panorama - Edogawa Ranpo


  Hirosuke Hitomi, écrivain raté, rêve ce construire un étrange paradis terrestre. Lorsuqi'l apprend la mort de Komoda, riche homme d'affaires qui a la particularité de lui ressembler comme deux gouttes d'eau, il décide de le faire revenir à la vie en usurpant son identité. Il entreprend alors la construction de son paradis terrestre sur une île isolée. Mais le projet de Hitomi ressemble bientôt à une descente aux enfers...
157 pages - Policier - 1926


Ce que j'en ai pensé :
L'Ile Panorama s'ouvre sur un roman policier dans lequel on suit le coupable. D'un hasard, un homme qui vit une vie sans saveur va monter tout un stratagème pour changer sa vie, et réaliser un rêve.
Mais peu à peu, le lecteur va se rendre compte de l'horreur et de la folie du projet du protagoniste, qui se dévoile sous un autre jour qu'un homme ordinaire et las. Crescendo, l’ambiance devient de plus en plus lourde, horrifique, presque fantastique grâce à des descriptions grandioses,  à la fois captivantes et effrayantes. Le tout devient grandiloquent, le protagoniste nous ébloui de son art, mais on se rend compte de l'horreur qui le fait vivre. L'horreur est devenu art.
// L'Ile Panorama nous expose le grand délire démesuré d'un homme, dans une ambiance à la fois fantastique, horrifique, et ensorcelant. //

L'archipel du rêve - Christopher Priest

  Par-delà le Vortex s'étend l'Archipel du Rêve, une zone de neutralité épargnée par la guerre qui ravage les continents austral et septentrional. On rêve d'y séjourner et, une fois prisonnier de ses langueurs tropicales, on ne peut que succomber à une autre forme de guerre, celle que se livrent les êtres de désir et de pouvoir qui peuplent les différentes îles de cette géographie hors du temps, singulière en diable.
414 pages - Science-fiction / érotisme - 1999

Ce que j'en ai pensé :
En fait, L'archipel du rêve est un recueil de nouvelles qui se situent toutes dans le même monde. Et, bon, je ne suis pas friande des recueils de nouvelles à la base... 

Plusieurs nouvelles, qui ont pour thème cet archipel du rêve en marge de la guerre dans le reste du monde, qui oscille entre idéal exotique et terre inhospitalière de rêve et d'angoisse pour chacun de nos protagonistes. Un monde et un archipel intéressant, on s'y plonge avec plaisir, et j'ai bien aimé qu'on nous raconte le ressentie de chaque personnage, différent, face à l'état de ce monde que l'on découvre à travers leurs yeux et émotions. 

Malheureusement, 2 nouvelles seulement se sont distingué du lot, les autres se ressemblent beaucoup, et leur intérêt était plutôt nuancé : un personnage qui rêve de partir et qui part, des femmes aguicheuses, du sexe, et quelques brins de réflexion. J'ai été quelque peu agacée d'ailleurs de ne voir que des femmes qui ne demandent que ça, à servir d'exutoire aux tracas des protagonistes, qui peuvent enfin repartir libérés en les laissant derrière eux après une bonne nuit de sexe.

// Lecture mitigée donc, intriguée par l'univers mais déçue d'en découvrir si peu. //

samedi 4 février 2017

♡♡ Dogra Magra - Yumeno Kyusaku


  Œuvre stupéfiante, inclassable, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier au programme paradoxal : un roman où les détectives sont les criminels.
Ou plutôt, un roman où l'assassin est la victime. Un amnésique se réveille en pleine nuit dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. Nous le verrons se débattre au milieu d'une toile d'araignée tissée par les docteurs de l'institution, à la recherche de son identité et de son éventuel rapport avec une mystérieuse affaire criminelle. Qui est Kure Ichirô ? Quelle terrible malédiction poursuit la lignée de sa famille et se réveille dans ses gènes ? Le lecteur, entraîné dans une spirale de plus en plus serrée de coups de théâtre et de renversements de perspective, perd toute notion de l'espace et du temps et sent son esprit lui échapper, pris d'un vertige ontologique.

595 pages - Policier / hors catégorie - 1935


Les + :
- une intrigue captivante
un livre qui vous entraîne bien plus que vous ne pouvez l'imaginer...
des sujets et une critique du Japon intéressants




Ce que j'en ai pensé :
Ça fait déjà plusieurs semaines que j'ai fini Dogra Magra. Après avoir réussi à me remettre de mes émotions, je me suis efforcée de faire une critique qui lui rend hommage, de donner mon avis, clair et construit, pour partager mon émoi. Mais impossible de rendre compte de l'effet que ce roman a eu sur moi. Alors je vais commencer cette chronique par un avis minimaliste mais qui décrit le plus exactement ce que j'ai envie de vous dire :
Ce roman est une expérience exceptionnelle. Lisez-le.

lundi 30 janvier 2017

Undone - Cat Clarke

  Kai et Jem sont inséparables. Jem aime secrètement son meilleur ami, qui serait l'homme idéal s'il ne préférait les garçons... À la fin d'une soirée d'ivresse chez des amis communs, Jem rentre seule chez elle, Kai demeurant étonnamment introuvable. C'est le lendemain que tout bascule : la jeune fille reçoit un email de la part de ce dernier, avec en pièce jointe une vidéo de lui en compagnie d'un garçon qu'il a trouvé postée sur Internet. Cette vidéo plus que compromettante est très vite partagée par tout le lycée et Kai reçoit une salve d'e-mails agressifs qu'il ne peut bientôt plus supporter. Lui qui n'avait pas encore fait son coming out finit par craquer et se suicide... À la suite de ce drame, Jem prend trois résolutions : découvrir la vérité, venger son ami et se suicider elle aussi.
502 pages - Drame / Young adult - 2013


Version française : Revanche  aux éditions Robert Laffont
Niveau d'anglais : facile - vocabulaire d'émotion variés, globalement accessible si vous avez fait de l'anglais à l'école et avec un dictionnaire pour certains mots un peu plus compliqués.

Les + :
des thèmes importants
la fin, cohérente et marquante


Ce que j'en ai pensé :
J'ai beaucoup aimé Undone. Au début, on pense à une banale histoire d'ado, certes avec un événement grave en son centre, mais un roman d'adolescent, cliché même, comme on en voit beaucoup. Mais non. Ici, l'auteur n’essaie pas de nous chouchouter, ni de nous faire aimer Jemima, ni de nous faire aimer la tournure des événements.

dimanche 13 novembre 2016

Bird Box - Josh Malerman


   Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S'ils s'aventurent à l'extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou entamer un terrifiant périple jusqu'au fleuve dans une tentative désespérée pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme. Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l'autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd'hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout.
372 pages - Horreur/Science-fiction - 2014


Les + :
-une ambiance prenante et effrayante
-une immersion très réussie


Ce que j'en ai pensé :
Une ambiance pesante, un monde devenu inquiétant et dangereux. Préparez-vous bien avant de rejoindre Malorie et ses enfants dans leur terrible quotidien...

Bird Box est un livre fort, angoissant, dans lequel l'auteur a su imprégner une ambiance, un sentiment immersif pour le lecteur.  On suit en effet l'héroïne, Malorie, de son point de vue. On est alors comme elle, plongé dans l'angoisse, dans l'ignorance de ce nouveau monde. Ses sentiments nous guident, nous font pénétrer dans son univers, nous font ressentir les frissons qui lui glacent le sang.

Bird Box est un roman d'horreur qui s'appuie beaucoup plus sur le ressentie que sur les actions ou les réponses. On est dans un huis clos oppressant, huis clos qui s'étend de l'intérieur de la maison au monde entier, car il ne semble y avoir nulle part un endroit serein, où l'on pourrait se sentir en sécurité de la folie ambiante. J'ai pensé aux œuvres de Lovecraft, où l'on ressent l'horreur et la folie, sans jamais pouvoir l'appréhender ou la comprendre.

Je m'attendais tout de même à quelque chose d'un peu différent au vu du résumé, qui nous fait miroiter une aventure. Certes, elle est présente, mais c'est surtout le passé que Malorie nous raconte, comment elle en est arrivé là où elle est aujourd'hui. Mais j'ai quand même été séduite par l'atmosphère qui se dégage de ce roman au final, et j'ai adoré ma lecture.

//Bird Box est un roman d'horreur dans lequel l'auteur a su faire entrer son lecteur et lui faire ressentir l'angoisse et la tension permanente de la situation. Ne vous attendez cependant pas à une grande aventure ou à des réponses, Bird Box est un livre qui se ressent.//